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8 remèdes contre son syndrome de l’imposteur

14 July, 2021

QU’EST-CE QUE LE SYNDROME DE L’IMPOSTEUR?

Le syndrome de l’imposteur est une distorsion psychique faisant que l’on se sent imposteur alors que l’on n’en est pas un. Ce concept datant de 1978 provient de deux psychologues Pauline CLANCE et Suzanne IMES. Je considère être responsable de tous mes échecs et n’avoir aucune implication dans mes réussites.

La majorité d’entre nous a été touchée au moins une fois dans sa vie par ce sentiment d’imposture.

EN QUOI EST-IL PROBLÉMATIQUE?

Engendré par une piètre estime de soi, il empêche ceux qui l’éprouvent d’atteindre leur plein potentiel, de réaliser leurs rêves, d’avoir une vie sociale épanouissante, d’accéder au job souhaité et à la relation amoureuse désirée, etc. Notre vie entière peut être impactée par ce mécanisme d’auto-sabotage.

D’OÙ PROVIENT-IL?

Ce syndrome provient de l’enfance. Il naît d’une mauvaise estime de soi causée notamment par le fait :

  • D’avoir le sentiment d’être différent(e) des autres. Par exemple, lorsqu’à plusieurs reprises on se sent plus grand/petit, plus pauvre/riche, dans une situation familiale atypique, notre sensibilité diffère de celle des autres enfants, etc. au point de ne pas parvenir à se connecter avec eux, on ressent qu’on n’appartient pas au groupe. À partir de cette exclusion, se développe la conviction de « ne pas avoir sa place ici ». Puis, cette voix nous accompagne partout.
  • D’avoir souvent été dévalorisé(e) ou d’avoir manqué d’attention. Les compliments étaient très rares, l’enfant n’était pas félicité et était souvent comparé négativement. Quoi qu’il fasse, ce n’était jamais assez bien.
  • D’avoir été survalorisé(e). L’enfant a été mis sur un piédestal par ses parents qui exagéraient ses qualités et lui montraient qu’il était parfait, sans défaut.
  • D’avoir trop souvent été comparé(e). La cause dépend de l’éducation transmise par nos parents et/ou de nos enseignants ou de notre manque d’intégration dans le cercle des camarades.
    Nous devrions être estimés avec nos qualités et nos défauts, pour qui l’on est, sans avoir à faire, sans être comparés ni jugés « mieux que » ou « moins bien qu’autrui ».

LES CONSÉQUENCES DE CE SYNDROME

Ne jamais m’être senti(e) validé(e) par mes pairs provoque une piètre estime de moi-même et me conforte dans l’idée que « je suis nul(le) ». L’imposteur entre en possession de moi-même et câble mon cerveau à ne vivre qu’à travers ses dénigrements.

Le scénario de mon passé me hante. Je suis programmé(e) à ne jamais ressentir avoir ma place où que je sois et à ne pas avoir le droit d’exister au sein d’un groupe.

Puis, comme je me sens nul(le) et marginal(e), j’ai une peur bleue de l’examen et du jugement, qui pourraient appuyer et « confirmer » ce sentiment de nullité. Ainsi, toute évaluation ou confrontation à un groupe est vécue avec une anxiété effroyable, qui me donne l’envie de fuir devant elle.

Quand j’échoue, je renforce mon sentiment d’être nul(le), de ne pas avoir ma place et donc de ne pas mériter ce que j’ai de positif (i.e. l’accès à : une université d’exception, un poste de travail important, un(e) partenaire incroyable, etc.). Puis, lorsque je réussis, j’attribue cela à la chance, à un concours de circonstances, à une erreur, à la facilité de la tâche, etc. Ainsi, toute réussite accentuera mon impression d’imposteur. Alors, je ne m’attribue jamais la responsabilité de mes accomplissements ni de mes réussites.

Puis, j’ai très peur d’être démasqué(e) par les autres, qui découvriraient que je ne suis pas la personne qu’ils pensent connaître. Je développe ainsi l’idée de tromper mon monde sur mes qualités et mes compétences. Alors, j’essaie de dissimuler mon « vrai » visage.

Objectivement, tout cela est évidemment faux, mais je suis le seul à ne pas le savoir, d’où la distorsion de ce mécanisme vicieux. Je pense tromper les autres, mais c’est l’imposteur qui est en moi qui se méprend sur : ma valeur, mes compétences, ma responsabilité dans mes accomplissements et ma légitimité à être là où je suis.

Mon angoisse à l’idée d’être évalué(e) ou jugé(e) déclenche des mécanismes d’auto-sabotage, tels que l’inaction, la procrastination et le travail acharné :

  • L’INACTION
    C’est ne pas agir, pour éviter l’évaluation. On reste ainsi dans sa zone de confort, sans être confronté(e) aux jugements extérieurs. Par exemple, je ne pose pas ma question devant un groupe, car elle me paraît bête et les autres me semblent bien plus intelligents. Ainsi, je m’empêche d’éclaircir mes doutes. Ou, préparant mon dossier de candidature à un poste dans une entreprise, je me dis que je n’ai aucune chance et qu’aucune raison ne justifierait qu’on me choisisse moi plutôt qu’un(e) autre, puisque je suis nul(le). Ainsi, je n’envoie pas ma candidature, alors que le poste me plaît.
  • LA PROCRASTINATION
    La procrastination est l’art de toujours remettre nos actions au lendemain. Face à une échéance, j’attends le dernier moment pour accomplir ma tâche, ce qui me contraint à avoir moins de temps et à agir sous pression. Ainsi, je ne me donne pas toutes les chances de réussir.
  • LE TRAVAIL ACHARNÉ
    Le travail acharné consiste à fournir une quantité de travail disproportionnée par rapport à la tâche demandée. En cas d’échec, je me dirais que « je suis incapable », que « je ne suis pas à la hauteur », ce qui renforcera ma faible estime de moi. En cas de réussite, j’attribuerais le succès au fait d’avoir dû travailler bien plus que les autres. Par conséquent, je me sens moins compétent qu’eux et ainsi, je considère ne pas mériter la réussite.

Ce qui est particulièrement vicieux pour les victimes de ce syndrome est que, quoi qu’il arrive, elles sont profondément insatisfaites d’elles-mêmes. Peu importe qu’elles vivent une réussite ou un échec, elles seront malheureuses. En effet, se sentant incapables de réussir et jamais à la hauteur, elles ne croient pas en elles.

En raison de cette modestie excessive et chronique, je ne connais pas le sentiment de fierté, ni la satisfaction personnelle.

In fine, nous pouvons conclure que le véritable imposteur n’est pas soi, mais la voix qui s’est emparée de nous et qui nous a fait croire à ces absurdités… Il ne reste plus qu’à l’éjecter !

8 REMÈDES CONTRE CE SYNDROME

Cibler les domaines dans lesquels on se sent affecté(e) par ce syndrome.
En quoi m’empêche-t-il d’avancer dans la vie ? Repenser à la dernière fois où j’ai fermé une porte à cause de lui ? Quels domaines de ma vie impacte-t-il ? Cette impression d’’être un imposteur m’empêche-t-elle de vivre une relation de couple ou d’avoir le job de mes rêves ? En quoi la croyance de ne pas être à la hauteur m’empêche-t-elle de concrétiser mes rêves ?

Se concentrer sur les faits.
Dissocier le sentiment d’imposture de la réalité. Comprendre qu’il est une illusion en laquelle nous seul croyons : « Ce n’est pas parce que je me sens nul(le) que je le suis. » « Ce n’est pas parce que je ne me sens pas à ma place, que je n’ai pas ma place ici. » « Ce n’est pas parce que je ne me sens pas mériter quelque chose, que je ne suis pas digne de recevoir. » Etc.

Tenir un journal de mes qualités et de mes réussites, pour fortifier mon estime de moi-même et ma confiance en moi :
a. Lister mes réussites passées.
b. Lister mes talents et mes compétences.
c. Répertorier chaque compliment reçu, en notant son émetteur.
d. Lire l’ensemble régulièrement, aussitôt que je me dénigre.
e. Faire semblant d’y croire, jusqu’à reconnaître réellement mes atouts et savourer mes succès, en s’en félicitant.

Faire taire la voix de l’imposteur.
Dès que notre imposteur nous dénigre, se persuader que l’inverse est vrai :
a. En rétorquant intérieurement : « C’est faux, tu mens ! »
b. Se plonger immédiatement dans le journal de mes qualités et de mes accomplissements.
c. Se répéter que « les autres ne valent pas plus que moi (comme ils ne valent pas moins non plus) » et que « Tout l’espace que je leur laisse en m’écrasant est la place que je ne m’autorise pas à prendre pour exister. »
d. Se demander alors : « Pourquoi est-ce que les autres mériteraient plus que moi ? » « Je ne suis pas arrivé(e) ici par chance, mais notamment grâce à mon travail, à ma persévérance et/ou à mon talent. »
e. Remplacer tous les « je suis nul(le) », par « je n’ai pas été bon(ne) sur cette tâche ». Se souvenir que les critiques reposent sur mon action spécifique et non pas sur mon être global.
f. Comprendre que le vécu de mon enfance appartient au passé. Aujourd’hui, étant adulte, je peux prendre ma place au sein d’un groupe et être validé(e) par mes pairs.

Communiquer sur mon syndrome.
a. Partager avec un proche : mes insécurités, mes peurs, mes dénigrements, ce en quoi le mécanisme me limite, ce qu’il m’empêche de faire, mon besoin d’être rassuré(e), etc. Ainsi, lorsque l’on est soumis à nos insécurités, nous savons que nous pouvons en parler à nos proches ou à notre conjoint(e), pour être rassuré(e).
b. Demander à 3 proches de m’indiquer mes 5 plus grandes qualités et accueillir leurs compliments sans les remettre en question ni les minimiser.
c. Suivre une thérapie individuelle, pour recevoir des outils permettant de briser ce schéma infernal, de faire face à mes insécurités, pour renforcer mon estime personnelle, ainsi que mon sentiment de légitimité. On se sentira alors digne d’être aimé(e), de prendre notre place et de la mériter.

Relativiser la notion d’échec, pour continuer à évoluer.
a. Comprendre que l’on a toujours des leçons positives à tirer de chaque expérience désagréable. Recevoir des critiques négatives est désagréable, mais elles sont nécessaires à notre évolution lorsqu’elles sont constructives.
b. Demander des retours aux autres, en dépassant ma peur de l’évaluation, du jugement et de la critique. Connaître mes forces (pour les renforcer et les savourer) et mes axes d’amélioration (pour percevoir les tremplins) permet de grandir encore et toujours.
c. Repenser à mes réussites, pour ne pas se focaliser sur mes échecs, ce qui noircirait le tableau injustement.

Affronter mes peurs.
a. Ne plus fuir devant les épreuves : dès que j’ai peur, j’y vais !
Sortir de ma zone de confort, affronter mes peurs, me confronter aux défis, développe mes capacités et fait fructifier mes talents, ce qui gonfle ma confiance en moi.
b. Je tire des apprentissages de toute expérience, positive ou négative. Ainsi, à chaque fois que j’essuie un refus ou que je suis confronté(e) à une critique, j’adapte mon comportement sur ce qu’il faut améliorer, puis je recommence.

Revenir à un équilibre.
J’arrête d’investir une énergie démesurée et de consacrer trop de temps de travail par rapport à la tâche demandée, pour retrouver une modération dans l’effort fourni.

Merci à Justine pour son article publié sur je-realise.com